Critique : Copains pour toujours 2 (Dennis Dugan) (2024)

·27 novembre 2013·Critiques·Par Clement Arbrun

Critique : Copains pour toujours 2 (Dennis Dugan) (2)

REALISATION : Dennis Dugan
PRODUCTION : Happy Madison Productions, Sony Pictures Entertainment, Columbia Pictures
AVEC : Adam Sandler, Kevin James, Chris Rock, David Spade, Salma Hayek, Taylor Lautner
SCENARIO : Adam Sandler, Tim Herlihy, Fred Wolf
PHOTOGRAPHIE : Theo van de Sande
MONTAGE : Tom Costain
BANDE ORIGINALE : Rupert Gregson-Williams
ORIGINE : Etats-Unis
TITRE ORIGINAL : Grown ups 2
GENRE : Comédie
DATE DE SORTIE : 11 septembre 2013
DUREE : 1h41
BANDE-ANNONCE

Synopsis : Espérant offrir une vie plus équilibrée à sa famille, Lenny quitte l’hystérie de Hollywood et revient s’installer dans la petite ville où il a grandi. Pourtant, entre ses anciens amis, leurs enfants, les grandes brutes et les petit* excités, les chauffeurs de bus fous, les flics bourrés à skis et les 400 invités d’une fête costumée complètement déchaînés, il va vite découvrir que même si vous fuyez la folie, parfois, elle vous poursuit où que vous alliez…

Si vous êtes du genre à préférer American Pie II à Les copains d’abord, le premier Copains pour Toujours vous était destiné. Mettant de côté, malgré son postulat dramatique (la mort du coach du collège amène de vieux potes à se retrouver), toute notion de tristesse et d’enjeux dramaturgiques, l’opus sandlerien n’était rien d’autre (et surtout rien de moins) qu’un film adulescent savoureux autant que régressif, où toute morale encombrante (responsabilités du grand gamin, leçon exemplaire forçant le changement nécessaire, etc) était purement ignorée, pour mieux sublimer l’état d’esprit détendu du film de vacances.

Critique : Copains pour toujours 2 (Dennis Dugan) (3)

Pas plus de pesanteur tragique chez Sandler que dans un bon vieux Bonjour les Vacances, mais juste cette notion, rare en fin de compte, de totale insouciance cinématographique, offrant aux acteurs un amusem*nt collectif communicatif qui ne visait pas tant la masterpiece que le divertissem*nt modeste et sincère: icône américaine, l’acteur proposait de l’entertainment pour fans, avec tout ce que cela implique d’épique pour initiés (Rob Schneider à Aqualand, Sandler qui se permet de magnifier les boobs de Salma Hayek, et même l’ami Buscemi qui vient faire coucou). Une fois que la recette est connue de tous, il n’y a plus d’attentes exubérantes: ainsi ce cher Adam récidive t-il avec cette suite, destinée aux mêmes connaisseurs (ceux qui, de Happy Gilmore à Mi-temps au Mi-tard, ont soutenu l’entreprise sandlerienne), bazar de carnaval insensé, feel good movie que beaucoup jugeraient vide, abrutissant, dérisoire. En un mot, l’éternelle polémique de l’humour au service de l’humour…Et si c’était le cas? Où est le problème, en vérité? En quoi est-ce un souci? Ces jugements ne sont-ils pas tant de l’argumentaire que de la pure hypocrisie? Critiquer ainsi le ton Copains pour toujours, c’est critiquer ce pourquoi le film existe. C’est critiquer ce qu’il est. Cela revient à fustiger la bêtise (apparente) d’un No pain no gain, en ignorant tout de l’utilité de cette énormité putassière bigger than life, qui, plus qu’une esthétique ou qu’une marque auteuriste, est le message même du film, son imaginaire, sa visée. En un mot, porter au banc les pachydermiques fulgurances de Copains pour toujours 2, c’est refuser ce pourquoi ce cinéma dit «attardé» est fait: encore plus insouciant que le premier opus, cette relève «plus grosse, plus bruyante» est, de A à Z, au service de la marade «hénaurme». Le rire pour le rire.
Un rire qui n’est en rien spirituel, évidemment. Mais un rire gras, franc, qui ne se cache pas, absolument assumé. Si rire d’un pet, d’une gerbe tout à fait gratuite, d’une insistance éléphantesque sur le derrière de ses dames ou sur leurs obus généreux, d’un slapstick aussi débilos que vénérable, c’est avoir le cerveau en compote, alors, finalement, qu’y-a t-il de plus beau que l’implosion primitive des zygomatiques?

Car Sandler, après le génial et réellement subversif Crazy Dad (version trash et libératrice de l’american way of life), met de côté toute ambition scénaristique et ignore absolument toutes les possibilités d’enjeux divers (amourettes, histoires parents/gosses et parents/parents, etc) pour mieux sublimer le coup dans la tronche, le jet d’urine, le scato, le falzar sali. Car ce qui fait la qualité d’un tel film, c’est son ode au primitif. Le primitif: les gags physiques, les gestes les plus bas, le fait de surligner chaque élément basique de la comédie (couilles, fesses, pet qui finit en «je me suis chié dessus»)…crétin? Vraiment? Inutile? Ce ne serait certainement pas l’opinion d’un Rabelais, médecin talentueux qui fit de cette même primitivité déchaînée une littérature, littérature encore étudiée dans les plus nobles établissem*nts universitaires. Et ce gag du travesti ridicule (aux sous-vêtements tâchés d’urine, face à un hom*osexuel qui dégueule joyeusem*nt), n’est-ce pas cet humour qui faisait déjà marrer les fans antiques de Pétrone et de son délirant Satiricon? Qu’importe qu’on rigole avec fracas quand Taylor Lautner se fait attaquer au niveau du slip, quand un gosse se pète le bras, quand s’enchaînent sans la moindre seconde de répit allusions sexuelles et moqueries physiques: concluant son œuvre dans l’anarchie symbolique en forme de mot d’ordre salutaire (une baston des plus primaires), le comique nous a offert durant une courte heure trente l’art volontiers «teubé» qu’il affectionne, cette farce qui est seulement «vide» quand le spectateur n’assume pas ce qu’il va voir.

Critique : Copains pour toujours 2 (Dennis Dugan) (4)

Ce qui peut déranger le public, c’est ainsi cette propension explicite à enchaîner les séquences qui ne vivent que pour leurs chutes, que pour la tarte à la crème qui en est l’unique finalité. Disons-le tout net: alors que les films les plus cabossés du ciboulot se basent le plus couramment sur une vraie intrigue, où il est généralement question d’aller d’un point A à un point B (Road Trip, Very Bad Trip, Sex trip, Eh Mec! Elle est où ma caisse? et consorts), Sandler opte pour l’optique jusqu’au boutiste des Trois corniauds des Farelly, ou encore du Va te faire foutre Freddy de Tom Green: un fleuve de pitreries dénuées de sens où la vanne fait figure de commencement, de milieu et de fin, où le film ne semble se poursuivre que pour aller plus loin dans la gaudriole, sans réel souci narratif.
Néanmoins, Sandler, contrairement à ses comédies les plus anecdotiques (Billy Madison, Waterboy), fait ici vivre ses personnages, du Chris Rock roublard au Spade misérable. Les figures étant cette fois bien adaptées et adoptées (mention spéciale au brillant Shaq’O’Neal), il ne reste plus qu’à faire de Copains pour Toujours une saga…si dans le premier opus l’acteur concluait son film de détente par un joli message existentiel adressé aux quadras («Dans la vie, le premier acte est toujours excitant. Le second acte…c’est là où l’on gagne en profondeur.»), l’unique message ici est une célébration du chaos comique, et, par extension, de la non-négation de ce que l’on est au fond de soi: tout comme American Pie IV ou Le joyeux noël d’Harold et Kumar (écrits tous deux par les mêmes scénaristes), l’adulte (les personnages du film…et surtout, Sandler himself) s’accepte en assumant ce qu’il est intérieurement, et primitivement, à savoir: un individu qui ne peut vivre qu’en célébrant l’art de l’enfance, et s’esclaffer avec insouciance d’un rire potache, peu soucieux, finalement, de savoir si ce rire sera partagé par tous, tant qu’il continue de retentir.

La subjectivité, qui est à la base même du rire (est-ce drôle, ou pas?), n’efface en rien la note d’intention encore une fois intègre de l’artiste: titiller les instincts primaires du public, le faire marrer de petit* riens qui s’additionnent (un même gag où le pauvre David Spade, dévalant douloureusem*nt toute une rue dans une poubelle, finit par vomir son repas de façon bien exagérée), et respecter la charte du prout, brillamment résumée par le stand up comedian Louis CK :

“You don’t have to be smart to laugh at farts, but you have to be stupid not to”

Articles similaires

2013Adam SandlerChris RockColumbia PicturesComédieDavid SpadeDennis DuganFred WolfHappy Madison ProductionsKevin JamesMaria BelloMaya RudolphNick SwardsonRupert Gregson-WilliamsSalma HayekSony Pictures EntertainmentSteve BuscemiTaylor LautnerTheo van de SandeTim HerlihyTom CostainUSA

Laisser un commentaire

Lire les articles précédents :

L’autre monde

Loin d'explorer le monde virtuel sous un angle réac, Gilles Marchand en fait une porte d’accès vers un horizon infini...

Fermer

Critique : Copains pour toujours 2 (Dennis Dugan) (2024)

FAQs

Why is Rob not in Grown Ups 2? ›

While viewers were wondering if Rob Schneider wasn't in Adam Sandler's Grown Ups 2 due to a falling out between the two, the real reason was a combination of availability and financial issues. The two have since reunited during the "Sandler Renaiisance." 🎬

Is Grown Ups 2 appropriate? ›

Rating: PG-13, for crude and suggestive content, language and male rear nudity. Fart jokes. Pee jokes.

Is Grown Ups 2 funny? ›

Still there was a lot of funny scenes,mostly from Adam Sandler,Chris Rock,Kevin James and David Spade,and they should have been in it a lot more instead of having a lot of it focus on their kids. If you enjoyed the first Grown Ups,you will be disappointed,but you will still laugh a lot.

Is there a plot to Grown Ups 2? ›

Will there ever be a Grown Ups 3? ›

Summary. Grown Ups 3 has not been confirmed, suggesting there are no plans for a third movie in the franchise. The return of the main cast, including Adam Sandler and his famous comedy friends, would be crucial for the success of Grown Ups 3.

Are Peter Dante and Adam Sandler still friends? ›

Seemed like Dante was a go to side. character for Sandler all the way up until grown UPS 2, but one major mistake would. end their friendship forever. In 2013, just after grown UPS 2 released, Dante was checking into.

Are there any inappropriate scenes in Grown Ups? ›

Sex, Romance & Nudity

One male character is seen from behind, naked from the waist down. Also lots of innuendo and suggestive dialogue/sexual references, but no on-screen sex. Several scenes show the male leads ogling scantily clad women's cleavage and behinds.

What did Andy Samberg do in Grown Ups 2? ›

Andy Samberg: Male Cheerleader.

How old is Greg from Grown Ups 2? ›

Jake Goldberg as Greg Feder, the 17-year-old and the oldest son of Lenny and Roxanne who becomes Dickie's co-worker at the Ice Cream House.

What lake was Grown Ups 2 filmed on? ›

Grown Ups Locations

A few scenes also took place in Los Angeles, California. The film is set at a lake house near the fictional Amoskeag Lake. But in reality, the filming location for Grown Ups lake scenes is in Chebacco Lake. It's a 209- acre lake that's classified as a 'Great Pond,' placing it under state ownership.

Who was everyone dressed as in Grown Ups 2? ›

Sandler as Bruce Springsteen. David Spade as Oates (with his son as Hall). Kevin James at Meatloaf. Also in attendance, amazing costumes for Donald Trump, Richard Simmons, Papa Smurf, Boy George, Hulk Hogan, Mr.

What happened to Lenny in Grown Ups 2? ›

Three years after the events of the first film, Lenny Feder (Adam Sandler) has relocated his family back to his Connecticut hometown where he and his friends grew up.

What happened at the end of Grown Ups 2? ›

Mrs. Lamonsoff reassures Lenny that a new baby is a wonderful thing and eventually he will never be able to imagine life with just three kids. Lenny has a change of heart and returns home, telling Roxanne he is sorry and excited about the new baby, and they reconcile.

Why was Ron not in Grown Ups 2? ›

Contrary to popular belief, the reason Rob Schneider did not reprise his role was not because he had a falling out with Adam Sandler. He turned down the movie due to scheduling conflicts, and his wife was having a baby during production. Adam Sandler wanted Brad Pitt to play the role of the school teacher.

Is the first or second grown up better? ›

Grown Ups 2 is more consistent with its comedy throughout the movie and delivers the jokes better. Grown Ups is comedic yet some of the jokes can lead to an awkward silence, they're just not as consistent. Both movies are classics but more importantly, one of these movies are more worthy of your time.

Why wasn t the guy in Grown Ups 2? ›

Rob Schneider didn't return to Grown Ups 2 because of a combination of availability and financial issues. Schneider himself explained he wouldn't be part of Grown Ups 2 due to his 2012 sitcom Rob; he also cited money issues playing a part in his decision.

Who left in Grown Ups 2? ›

When Rob Schneider was noticeably absent from the sequel of Grown Ups, fans were left wondering why one of the comedy's key figures was missing. As a prominent member of the original cast, his absence in Grown Ups 2 was felt both onscreen and off.

References

Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Neely Ledner

Last Updated:

Views: 6091

Rating: 4.1 / 5 (62 voted)

Reviews: 93% of readers found this page helpful

Author information

Name: Neely Ledner

Birthday: 1998-06-09

Address: 443 Barrows Terrace, New Jodyberg, CO 57462-5329

Phone: +2433516856029

Job: Central Legal Facilitator

Hobby: Backpacking, Jogging, Magic, Driving, Macrame, Embroidery, Foraging

Introduction: My name is Neely Ledner, I am a bright, determined, beautiful, adventurous, adventurous, spotless, calm person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.